Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/26

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pendance future » de la Belgique, avait en somme consacré l’existence et le succès de la révolution. Mais elle y ajoutait tout de suite une restriction essentielle, en affirmant sa volonté de « combiner » cette indépendance « avec les stipulations des traités, avec les intérêts et la sécurité des autres Puissances et avec la conservation de l’équilibre européen ». Elle ajoutait que ces arrangements « ne pourraient affecter en rien les droits que le roi des Pays-Bas et la Confédération germanique exercent sur le grand-duché de Luxembourg ».

Ainsi l’Europe, tout en consentant à l’indépendance de la Belgique, se réservait d’en tracer les bornes. Du même coup, elle froissait à la fois les Belges et Guillaume. Celui-ci protesta aussitôt contre la reconnaissance de l’indépendance, ceux-là protestèrent contre sa limitation. Non seulement le Congrès repoussait, le 3 janvier 1831, les réserves émises à propos du Luxembourg, dont les habitants avaient pris part à la révolution, mais il revendiquait de plus la Flandre Zélandaise, qui n’y avait pas participé, en considération de la nécessité d’appuyer à l’Escaut la frontière de l’État. La Conférence lui renvoya sa note, en l’accusant d’invoquer le droit de conquête. Il était évident que si elle renonçait à intervenir contre les Belges, elle ne leur permettrait pas de lui dicter leurs volontés. Les intérêts européens dont elle avait la garde ne seraient évidemment pas sacrifiés à ceux du petit peuple qui prétendait n’en faire qu’à sa guise. Tant pis pour lui s’il avait inscrit dans sa constitution que le Luxembourg formait une de ses provinces.

C’est à ce moment que l’idée de neutraliser la Belgique se fait jour au sein de la Conférence. Qui en a parlé le premier ? Bülow ? Matuszewic ? Talleyrand ? Au fond celui qui l’a formulée tout d’abord n’a dit que ce que tout le monde devait penser. Elle était évidemment le corollaire de la dissolution du royaume des Pays-Bas. Dès que l’on renonçait à rétablir contre la France la barrière qui venait de se rompre, il n’y avait plus d’autre alternative que de mettre la Belgique à l’abri des convoitises tant de la France que des autres Puissances. La conservation de la paix générale était à ce prix. Pour que