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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/41

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tion malgré les traités de 1815. Nous la finirons malgré les protocoles de Londres… Vos frères ne vous abandonneront jamais ». Ce manifeste si visiblement destiné, par le rappel des traités de 1815, à exalter l’opinion des républicains de Paris, devait d’ailleurs faire long feu.

Le 13 mars, le ministère Casimir Périer mettait fin aux fluctuations et aux indécisions de la politique française. Désormais il n’était plus possible d’escompter le renversement de Louis-Philippe ni d’opposer le gouvernement des Tuileries à la Conférence de Londres. En s’associant décidément aux autres Puissances, la France monarchique ruinait l’espoir des républicains de Bruxelles de l’entraîner dans la guerre dont ils attendaient leur victoire.

Au surplus, ces républicains n’étaient qu’une minorité dont la hardiesse s’explique surtout par la timidité de leurs adversaires. Ce n’est pas d’eux, mais des Orangistes que venait le péril. Tout de suite après l’échec de l’élection de Nemours, ils n’avaient pas manqué d’exploiter la situation à leur profit. Ouvertement appuyés par lord Ponsonby qui les encourageait à provoquer un mouvement populaire, ils se croyaient certains du succès. De La Haye, le roi Guillaume entretenait leur confiance, ne doutant pas que l’anarchie pousserait bientôt les Belges à une restauration. Dans l’armée, le général van der Smissen provoquait sans peine la défection de quantités d’officiers ulcérés du peu d’intérêt que leur montrait le Régent. On soupçonnait le général Daine de s’être laissé acheter pour 10.000 florins. Les conspirateurs comptaient à Bruxelles sur les frères d’Hoogvorst et sur le colonel de la garde civique. Ils poussaient l’impudence jusqu’à faire des ouvertures au Régent[1].

Mais pour réussir, il leur fallait l’adhésion du peuple et une fois de plus, c’est contre son opposition que devaient échouer leurs intrigues et leur or. Leur cause lui était si

  1. Sur ce mouvement, voir surtout une curieuse lettre de l’Orangiste Charles Morel, l’un des directeurs de la Société Générale, dans Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, p. 47 et suiv. Add. Ibid., pp. 423, 432, 434, 469. Il semble (p. 481) que Ponsonby était d’accord avec ses organisateurs. Le but était de ramener le pays au roi sous le régime de la séparation administrative.