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çaient à coup sûr. Daine n’avait pas exécuté l’ordre de manœuvrer pour rejoindre Tieken de Tenhove. Attaqué le 7, il était le 8 mis en déroute à Hasselt et ses troupes débandées faisaient sur Liège une retraite qui ressemblait à une fuite. Isolée en face d’un ennemi supérieur en nombre, en discipline et en armement, l’armée de l’Escaut était perdue. Le combat qu’elle livra à Bautersem le 11 août n’améliora pas sa situation. Un mouvement tournant de Saxe-Weimar la contraignit le lendemain à se replier sur Louvain. L’ennemi était maître de son sort. Elle le sentait et s’agitait sous son étreinte en mouvements impuissants et confus. La vaillance du roi qui comme un sous-lieutenant s’exposait au feu, plaçait lui-même des pièces en batterie et faillit se faire enlever par la cavalerie hollandaise, électrisait les combattants qui le voyaient faire. Mais sur les derrières, la débandade commençait et les routes s’encombraient de fuyards. Sans l’arrivée du maréchal Gérard, les Belges, coupés de Bruxelles, étaient inévitablement forcés de se rendre. Au commencement de l’après-midi, l’apparition de l’avant-garde française faisait cesser le feu. Les Hollandais avaient pour instructions de se retirer devant elle. Des pourparlers courtois réglèrent la fin d’une aventure qui, poussée plus avant, eût pu finir plus mal. L’occupation de Louvain donna une satisfaction d’amour-propre au prince d’Orange. Le jour suivant, ses troupes, suivies à petite distance par les Français, regagnèrent la frontière.

Telle fut « la campagne des dix jours »[1]. Succès incontestable, et d’ailleurs certain d’avance, pour la Hollande, elle s’achevait pour la Belgique en une déroute honteuse. Le « défaitisme », pour ne pas dire plus, d’une grande partie des officiers[2], l’inexpérience de leurs chefs, l’incroyable insouciance du Congrès et du Régent expliquent ce pitoyable échec sans

  1. Sur cette campagne, voy. surtout : P.-A. Huybrecht, Histoire politique et militaire de la Belgique, 1830-1831 (Bruxelles, 1856) ; J. den Beer Portugael, De tiendaagsche veldtocht (La Haye, 1906) ; A. Martinet, Léopold Ier et l’intervention française en 1831 (Bruxelles, 1905).
  2. Le 9 août, le prince d’Orange écrit qu’on a trouvé des écharpes oranges dans les coffres de Daine, den Beer Portugael, op. cit., p. 437.