Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 7.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux prises le ministère et une opposition exaspérée. Gendebien, au milieu des acclamations, déposait son mandat de député, plutôt que de consentir à l’abandon de tant de compatriotes « sacrifiés à la peur ». Un de ses collègues fut frappé d’apoplexie au moment où il se déclarait pour l’inévitable. Mais les industriels, les gens d’affaires et les gens d’ordre aspiraient à la fin d’une crise qu’ils accusaient de ruiner le pays. Quantité de conseils communaux pétitionnaient pour l’acceptation. La décision de la Chambre était certaine d’avance. Le 19 mars, un vote de résignation adoptait le projet du gouvernement par 58 voix contre 42.

Les traités définitifs de la Belgique avec les Puissances et la Hollande furent signés à Londres, le 19 avril suivant (1839) ; c’en était fait. L’Europe sanctionnait la dissolution de ce royaume des Pays-Bas qu’elle avait créé en 1815 et l’existence du nouvel État qui prenait place sur la carte. Il devait rester jusqu’à la paix de Versailles, dans sa neutralité et dans son territoire, tel qu’elle venait de le reconnaître, sinon tout à fait tel qu’il avait prétendu s’imposer à elle. On aboutissait en somme à une transaction. Guillaume n’obtenait pas les bases de séparation ; la Belgique renonçait à la moitié du Luxembourg et à toutes les terres limbourgeoises de la rive droite de la Meuse.