Page:Pirenne - Histoire de l’Europe, des invasions au XVIe siècle.djvu/184

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est la plus intense qu’apparaissent les premiers exemplaires de la floraison : au sud, dans l’Italie septentrionale ; au nord, dans les Pays-Bas. Des deux côtés, le parallélisme des situations est frappant. En Italie, comme en Flandre, le commerce maritime et le commerce de terre par lequel il se prolonge, ont pour conséquence l’activité de ports : Venise, Pise et Gênes ici ; Bruges là-bas. Puis, derrière eux se développent les villes industrielles : les communes lombardes et Florence, d’une part ; de l’autre Gand, Ypres, Lille, Douai et plus loin Valenciennes, Bruxelles. C’est évidemment la proximité de ports qui a donné à l’industrie des villes l’élan extraordinaire qu’elles ont eu et qui est unique en Europe. Ports italiens et ports de Flandre, avec leur hinterland, ont une importance internationale, et seuls ils l’ont.

Par là, ils sont nécessairement en rapports les uns avec les autres. L’initiative de ces rapports part d’ailleurs du plus développé des deux foyers, c’est-à-dire de l’Italie. Ses marchands fréquentent la Flandre dès le commencement du xiie siècle. Mais bientôt, ce sont les foires de Champagne qui deviennent le point de contact et comme la bourse du commerce italo-flamand. Situées sur la route qui, de la Lombardie par le Gothard, le lac de Genève, le Jura, unit le nord au midi, elles tiennent toute l’année en contact les marchands des deux pays. Mais ce ne sont que des rendez-vous d’affaires et il ne s’y est pas fondé de villes vraiment importantes. Troies même n’a jamais eu un très grand développement. Lagny, Provins, Bar-sur-Aube sont restées des localités secondaires.

Le sud de la France a suivi de peu l’Italie. Marseille, Montpellier, Aigues-Mortes participent au commerce méditerranéen. Et derrière elles, Albi, Cahors, Toulouse gravitent vers elles et développent une prospérité ininterrompue jusqu’à la guerre des Albigeois. En Espagne, le port de Barcelone acquiert aussi une grande importance, mais sans produire dans l’arrière pays des centres urbains fort actifs.

Le Rhône est le seul fleuve méditerranéen de la France et le seul qui, de ce fait, ait de bonne heure donné l’essor à des villes importantes : Avignon, Lyon. Les autres se jettent dans l’Atlantique et la Manche, et il n’y a là que des ports de cabotage et de pêche dont le plus important est Bayonne, ou des ports de trafic local avec l’Angleterre comme Rouen et Bordeaux. De même, en Angleterre, la navigation est restreinte à la côte d’en face et les villes sont peu importantes. Londres même ne prend une importance