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On n’en possède guère, au Nord des Alpes, qui soient antérieurs au xiiie siècle. Mais il suffit de les étudier attentivement pour se convaincre qu’ils ne font que développer et préciser un régime plus ancien.

Nulle part, peut-être, l’esprit novateur et le sens pratique des bourgeoisies ne se manifeste plus hautement que dans le domaine administratif. L’œuvre qu’elles ont réalisée y apparaît d’autant plus admirable qu’elle constitue une création originale. Rien dans l’état de choses antérieur ne pouvait lui servir de modèle, puisque tous les besoins auxquels il fallait parer étaient des besoins nouveaux. Que l’on compare, par exemple, le système financier de l’époque féodale avec celui que les communes urbaines ont institué. Dans le premier, l’impôt n’est qu’une prestation fiscale, un droit fixe et perpétuel ne tenant aucun compte des facultés du contribuable, ne pesant que sur le peuple, et dont le produit se confond avec les ressources domaniales du prince ou du seigneur qui le perçoit, sans que rien en soit directement affecté à l’intérêt public. Le second, au contraire, ne connaît, ni exceptions ni privilèges. Tous les bourgeois jouissant également des avantages de la commune, sont également astreints à subvenir à ses dépenses. La quote part de chacun d’eux est proportionnelle à sa fortune. Au début, elle est généralement calculée d’après le revenu. Beaucoup de villes sont restées fidèles à cette pratique jusqu’à la fin du Moyen Âge. D’autres y ont substitué l’accise, c’est à dire l’impôt indirect portant sur les objets de consommation et spécialement sur les denrées alimentaires de sorte que le riche et le pauvre sont taxés