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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/208

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Mais ne la pouvant rendre heureuse par vous-même,
À qui donc la donner dans sa misère extrême ?

GERONTE

À celui de mes fils qu’elle aimera le plus.

CHRISALDE

Fort bien. Avez-vous pris leurs avis là-dessus ?

GERONTE

L’honneur intéressé n’a point d’avis à prendre ;
Et supposé qu’aux leurs il me fallut descendre,
Je les sais trop bien nés & trop reconnoissants,
Pour ne pas ressentir tout ce que je ressens.

CHRISALDE

Quelle prévention !

GERONTE

Eh ! Oui, oui ; je radote.

CHRISALDE

Vous jugez trop bien d’eux ; voilà votre marotte.

GERONTE

Votre marotte, à vous, est d’en juger très mal.
Leur respect, leur amour est pour moi sans égal.
Pourquoi vouloir contre eux que mon courroux s’émeuve ?

CHRISALDE

Eh ! Vous n’avez pas mis cet amour à l’épreuve.

GERONTE

Chaque jour je l’éprouve, & jusqu’à cet instant,
Je n’ai point à m’en plaindre, & j’en suis très content.