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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/215

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Scène IV

ANGELIQUE, PASQUIN.

ANGÉLIQUE

Je vois une pitié dans ses yeux, qui m’alarme.
D’un vain espoir, ami, tu peux rompre le charme.
Je n’ai vu ces messieurs que très légèrement,
Et l’on ne connoît pas son monde en un moment.
Je serois, dans le fond, quoi que je dise au père,
Bien aise de savoir un peu leur caractère.
Dissipe les soupçons qui me viennent saisir :
L’un vaut-il mieux que l’autre, & falloit-il choisir ?

PASQUIN

Non, madame ; le choix entre eux est inutile.
Tous les trois sont égaux : le financier habile
Est un vrai financier, un arabe, en un mot :
Le capitaine un fat ; & l’auditeur un sot.
Tous trois enfin, soit dit sans offenser mon maître,
Les trois plus francs vauriens que vous puissiez connoître.

ANGÉLIQUE

Ah ! Ciel ! & j’ai promis…

PASQUIN

Ne vous alarmez pas,
Madame ; le pauvre homme en sera pour ses pas ;
J’en réponds. Si pas un se rend à ses prières,