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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/220

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Et que trois cavaliers, l’un de l’autre jaloux,
Me viennent, tour à tour, d’embrasser les genoux.
Le tout pour vos beaux yeux.

PASQUIN

Fort bien, bonne nouvelle !
Nos trois originaux en ont pour vous dans l’aile.
De les bien ballotter vous tenez un moyen ;
J’en ferois mon profit.

NÉRINE

J’en ai bien fait le mien ;
Et c’est de ce profit que je vous remercie.

ANGÉLIQUE

Mais quel est-il enfin ? Voici quelque folie.

NÉRINE

Nenni, nenni. Tenez, madame ; examinez
Ces trois beaux diamants dont j’ai les doigts ornés.
Ma foi, vive Paris ! En province une fille
Longtemps se flatte en vain, quoiqu’elle soit gentille ;
Pour s’enrichir ici, belle ou non, comme on voit,
Il suffit d’en servir quelqu’une qui le soit.

ANGÉLIQUE

Ceci me déplaît fort ; & vous deviez, Nérine…

NÉRINE

Oh ! J’ai bien reculé, repoussé, fait la mine ;
Rougi, baissé les yeux, fait… ce que nous faisons,
Lorsque nous voulons bien ce que nous refusons.