Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/303

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Aveuc ça je m’engraisse, & j’ai cheu moi du grain,
Eun gros beu, eun cheval, eun âne, & tout le train.
Au bout d’eun tams st’ami meurt ; et, pour tout potage,
Ne laisse à son enfan qu’un petit héritage ;
Et st’enfan-là n’a pa, où séz affaire en sont,
De quoi faire valoir ni labouré son fond ;
Et je n’auré pas droit moi, sans qu’on me chicanne,
De li baillé mon beu, mon cheval ou mon âne ?
Si fait, mordienne !

ÉRASTE

Où tend ce que vous nous contez ?
Vos animaux, Grégoire, ont-ils des volontés ?

GRÉGOIRE

Dé volonté ! Pardi, pardi, belle défaite !
Pour nous, & non pour vous lé volonté sont faite :
J’ons la nôte ; i suffi ; conformé-vous dessu :
Si mé beux raisonnion, i n’en aurion pa pu.
Et vo pauve sœurs donc, pisqu’i fau qu’on vou Bourre,
Quand, pou l’amour de vous, au couven on lé fourre,
Et qu’alle vourion bian tiré d’autre côté ;
Leuz allé-vous prêchan d’avoir dé volonté ?
Mais, baste ! Laisson-ça : venon à vote pére ;
Pandan que vous piafé, le vlà dans la misére,
Sans que pas eun de vous li tande eun varre d’au.
Mon fils vous scandalise ; & vous trouvé ça biau !
Et vous & li, téné, c’est la même turlure.

DAMIS

Non ne méritons pas encor que l’on murmure.