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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/330

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Tout l’or, qu’ici leurs yeux ont cru voir en monceau,
D’une part que leur père avoit dans ce vaisseau.
À peine leur en ai-je annoncé les nouvelles,
Qu’ils ont volé chez eux, pleins du plus beau des zèles ;
C’est à qui fera mieux. Mais, chez nous revenus,
Comme ils nous recevoient nous les avons reçus.
On n’entroit point. Chacun, pour prévenir son frère,
De l’oncle a mendié, sous main, le ministère ;
Le cher oncle est chargé par ses dignes neveux,
En faisant leurs présents, de bien plaider pour eux.
Il ne manquera pas d’être, dans cette affaire,
Aussi bon avocat que bon dépositaire.
Et la cause & l’argent sont en très bonne main.
On tient mes garnements ; & je te venge enfin,
Pauvre père aveuglé si longtemps sur leur compte !
Puissent-ils en crever de dépit & de honte !

NÉRINE

J’aime à te voir des mœurs.

PASQUIN

Des mœurs ? Oui, oui, j’en ai !

NÉRINE

C’est qu’on se sent toujours de ce que l’on est né :
Tu me le disois bien.

PASQUIN

Eh ! Laissons la naissance.
Comme tu vois, sur eux elle a peu de puissance.
C’est que j’ai de l’honneur ; & voilà le grand point.