Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/139

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Il le sera toujours, et quelque éloignement
Serait pour moi plutôt un secours qu’un tourment.

christierne

Le désespoir vous trompe, et n’est qu’une foiblesse,
Que de justes raisons défendent qu’on vous laisse ;
Et je veux…

frédéric

Vous voulez croître ce désespoir,
Seigneur, en vous armant de tout votre pouvoir ?
Ah ! Laissez-moi me vaincre, et soyez moins rigide :
Ne persécutons plus la triste Adélaïde.
Croyant par mon amour adoucir ses malheurs,
Mes assiduités secondoient vos rigueurs ;
Mais puisque sa constance, et vous et moi nous brave,
Puisque le nœud fatal qui l’attache à Gustave
Est serré par le temps, loin d’en être affaibli,
Je ne veux je n’ai plus que la mort ou l’oubli.

christierne

Espérez mieux d’un bruit que la cruelle ignore.

frédéric

Et quel bruit ?

christierne

Ce n’est plus qu’une ombre qu’elle adore.

frédéric

Qu’une ombre ?… Quoi ! Gustave ?…

christierne

Est tombé sous les coups