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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/150

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Scène II


Frédéric, Casimir.

casimir

Ah ! Seigneur, où courez-vous ? D’où naissent
Les transports et le trouble où tous vos sens paraissent ?
Fuyez-vous un séjour où l’aveugle fureur…

frédéric

Ah ! Je me fuis moi-même, et je me fais horreur.
Casimir, c’en est fait ! J’ai part au parricide !
J’ai du sort de Gustave instruit Adélaïde.
Je n’ai pu surmonter la pitié qu’inspiroit
Une espérance vaine où son cœur s’égaroit.
Mes pleurs l’ont détrompée, et j’en porte la peine.
Son malheur contre moi va redoubler sa haine.
Annoncer ce malheur, l’avoir moi-même osé,
C’est m’être mis au rang de ceux qui l’ont causé.
Ma douleur à ses yeux peut-elle être sincère ?
Elle craint mon amour : elle croit que j’espère,
Qu’un triomphe secret renferme dans mon sein
Les lâches sentiments d’un rival inhumain.
Je ne la blâme pas ; d’ennemis entourée,
Sur quelle foi veut-on qu’elle soit rassurée ?
Il n’est pour elle ici qu’injure ou faux respect,
Rien qui ne lui doive être odieux ou suspect.