Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/175

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Il veut que le passé se répare et s’efface ;
Qu’avec la liberté vous repreniez vos droits,
Et que votre bonheur couronne ses exploits.
La garde qui vous suit n’est déjà plus la sienne :
Ce palais reconnoît en vous sa souveraine.
Commandez-y, madame ; et remplissez un rang
Où la vertu vous place, encor plus que le sang.

adélaïde

Si ton maître est touché des pleurs qu’il fait répandre,
Si d’un tel bienfaiteur mon bonheur peut dépendre,
Si tout dans ce palais se doit assujettir,
Si j’y commande, enfin, qu’on m’en laisse sortir.
Trop d’horreur est mêlée à l’air qui s’y respire.
Il est d’affreux climats qui bornent cet empire.
La nature y languit loin de l’astre du jour.
Mon repos, mon bonheur est là : c’est le séjour,
L’asile et le palais qu’on demande à ton maître,
Et non des lieux souillés du sang qui m’a fait naître.
Qu’il daigne en ces déserts me faire abandonner ;
Loin de lui je consens à lui tout pardonner.

rodolphe

Madame, il faut s’armer d’un plus noble courage.
Que parlez-vous d’aller dans un climat sauvage,
D’un peuple qui vous aime ensevelir l’espoir ?
Faites céder pour lui la tristesse au devoir.
Faites céder pour vous la foiblesse à la gloire.
On dépose à vos pieds les fruits de la victoire.
Votre père n’eût eu qu’un sceptre à vous laisser.