Mais sachez profiter de ma bonté facile,
Et ne vous parez pas d’un orgueil inutile,
Qui pourroit vous couvrir de blâme en vous perdant.
On signale à sa honte un courage imprudent ;
Le vôtre ne seroit qu’une aveugle foiblesse ;
Car exposant des jours si chers à la princesse,
Vous exposez les siens ; songez-y, Leonor.
Sauvez-la, sauvez-vous ; il en est temps encore.
Promettez-moi près d’elle une heureuse entremise :
À mes intentions rendez-la plus soumise ;
En un mot, réparez ce que vous avez fait.
À ce prix je pardonne, et je suis satisfait.
N’espère pas, tyran ! Que mon orgueil se lasse.
Le tien se satisfait à me parler de grâce,
Et le mien à vouloir n’en mériter jamais.
Puissent mes soins te nuire autant que je te hais !
Va, j’ai de la princesse affermi le courage.
Pour moi, je respirois, après un long orage ;
Les apprêts de ma mort fixoient tout mon espoir.
Pourquoi se changent-ils en l’horreur de te voir ?
Que nous proposes-tu ? Quelle offre oses-tu faire ?
Quels traités ? Nous pleurons, moi, Gustave et son père :
Elle, un trône usurpé, son père et son époux.
Ce n’est qu’à des vengeurs à traiter avec nous,
Et du traité ta mort seroit le premier gage.
Toujours la même audace et le même langage !