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Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/216

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casimir

Ayant vu fuir le traître,
Qui du milieu des flots brave à présent nos coups,
Gustave impatient revenoit près de vous ;
Mais, par des furieux qui refusoient la vie,
Presque de pas en pas sa course ralentie
Veut qu’il combatte encore, et vainque à chaque instant :
"Ami, prends, m’a-t-il dit, un soin plus important ;
Je saurai disperser cette foule impuissante.
Dans la tour cependant ma mère est gémissante.
Chasse de devant elle et la crainte et la mort ;
Et pour la rassurer instruis-la de mon sort. "
Je le quitte et j’accours ; mais, hélas ! Du rivage,
Sur un navire exprès approché de la plage,
Je découvre (Ô spectacle où de la cruauté
Triomphe, sous nos yeux, l’horrible impunité !)
Christierne, à ses pieds, d’une main forcenée,
Tenant sur le Tillac Léonor prosternée,
Et de l’autre déjà haussant, pour se venger,
Le fer étincelant tout prêt à l’égorger.
À cet aspect vers lui nos mains sont étendues ;
Du peuple suppliant le cri perce les nues.
Pour une heure le coup demeure suspendu,
Et par un trait lancé ce billet est rendu.

adélaïde

le recevant.

Ah ! Je ne vois que trop le choix qu’on nous y laisse !

Elle lit bas.