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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/110

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Et, la conduisant doucement
Où la santé se manifeste,
Par un subit attouchement,
Fait voir qu’il en avait de reste.
La belle se déconcerta,
Rougit de honte et de surprise,
Et voulut même quitter prise ;
Mais en vain elle le tenta,
Son heureux amant l’emporta.
Et, pour marquer que son audace
À ses yeux devait trouver grâce,
Voici ce qu’amour lui dicta :
« — Chassez la frayeur ridicule
« — Que vous inspire un vain scrupule,
« Belle Luce, et ne pensez pas
« Faire désormais un usage
« Qui déshonore vos appas.
« Ces marques de convalescence,
« Je les dois à votre présence ;
« Mais vous devez à mon amour :
« J’acquitte ma reconnaissance,
« Acquittez-vous à votre tour.
« Nature prépare une crise
« Qui couronne votre entreprise ;
« Vous seule pouvez me guérir,
« Voulez-vous me faire mourir ? »
Sœur Luce, d’un si doux langage
Sentait la pressante douceur.
Et l’amour dans son jeune cœur
En disait encor davantage :
Son amant, tout près d’être heureux,
À l’aide de mille étincelles,