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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/155

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« Le Paradis terrestre était ? »
À toute force, il disputait,
Voulant qu’il fût dans la Chaldée,
Lorsque la belle s’écria :
« E nel mezzo potta Mia ! »


LA RECONNAISSANCE FILIALE.

La fille unique d’une veuve
S’étant mariée à Lucas,
Se flattait, tant elle était neuve,
D’être toujours entre ses bras.
Quelque temps après l’hyménée,
Bonnement elle se plaignit
Que tant que durait la journée,
Rien ; le soir rien, et rien la nuit.
« Ma foi, — lui dit le bon apôtre,
« Tout ne peut pas toujours servir ;
« Il faut en acheter un autre ;
« La foire va bientôt tenir.
« Selon l’argent, la marchandise ;
« Si j’avais dix écus comptant,
« J’en aurais un de bonne mise,
« Et je m’en reviendrais content. »
Annette, aux dépens de son homme,
Épargne si bel et si bien,
Qu’elle amasse ladite somme.
« — Tiens, mon mari, n’épargne rien. »
Le drôle court vite à la foire,
N’en revient qu’au troisième jour :
Là, ne faisant que rire et boire,