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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/159

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VERS INÉDITS DE PIRON.

REGRETS DE SA VIEILLESSE.

« Je vous entends d’ici, mignons du nouvel âge :
« Porte, bonhomme, porte ailleurs ton radotage !
« De tout temps le vieillard humoriste et cassé,
« Au présent qu’il envie, opposa le passé.
« Dis-nous : lorsque du sang la douce effervescence
« Échauffait les esprit de ton adolescence,
« Ce beau zèle des mœurs entrait-il dans ton plan,
« Et fut-ce là le ton que tu pris ? Souviens-t’en !
« Je n’ai point oublié mes écarts de jeunesse,
« Ni pour m’en repentir attendu la vieillesse.
« Le Prélat[1] rigoureux qui m’en a châtié,
« S’il eût su mes remords, eût eu plus de pitié. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


BON MOT.

Deux dames se parlaient, l’une d’elles prononça, avec assez de gravité, le mot peut-être, — sur quoi Piron, sans s’arrêter, interrompit leur discours par ces deux vers :

Mesdames, il n’y a point de peut-être.
Femme ayant foutu… — toujours aime à l’être !

  1. Le R. P. Boyer, évêque de Mirepoix, qui, lorsque je fus nommé à l’académie, sans que j’y eusse pensé, força la bonté du Roi à m’exclure, en osant produire à S. M. l’Ode à Priape. L’humanité du prince adoucit sa rigueur d’une pension de cent pistoles sur sa cassette, et j’en jouis depuis 15 ans.
    (Note de Piron).