Aller au contenu

Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ah ! par ma foi, le tour est drôle,
S’écria l’Esculape, en voyant le poupon.
« Père, qui vous a fait ce don,
« Vrai gibier de Pharmacopole ? »
C’est ma robe, — dit-il, — il n’est que trop certain.
« Quittez la donc : sur ma parole,
Répliqua le railleur avec un ton malin ;
« Votre robe est une putain
« Qui vous donnera la vérole. »


LA FAMILLE BONNET.

Aux pieds d’un confesseur, un ribaud pénitent
Développait sa conscience.
« Père, — lui disait-il, — je viens bien repentant
Vous faire l’humble confidence.
Que la chair fut toujours mon péché dominant. »
« Tant pis. — dit le Pater ; — mais enfin, mon enfant,
Le temps, grâce à la Providence,
« Met fin à la concupiscence.
« Voyons à quel excès vous vous êtes porté,
Par le dérèglement trop longtemps emporté.
« N’êtes-vous pas contrit ? — Si, je le suis, mon Père !
Ah ! je ne puis assez gémir de ma misère… —
« Allons, tels sentiments montrent un vrai retour.
« Parlez donc, dites-moi vos fautes sans détour.
« Et n’oubliez surtout aucune circonstance ;
« La façon de pécher décide de l’offense.
« Continuez… » — Hélas ! mon Père, une beauté,
Que le hasard m’offrit et dont je fus tenté,