Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/38

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LE LACONISME.

CONTE.

À Frère Luc, dans un Castel oisif,
Le Diable dit d’un ton impératif :
Bois ou fornique, ou bien occis ton hôte.
Si n’obéis, je t’étrangle sans faute :
Or, par bonté, je ne veux qu’un des trois.

Le Moine alors de s’enivrer fit choix :
Si qu’il advint qu’au fort de son ivresse,
Le porte-froc vous baisa la Maîtresse,
Puis envoya l’Époux chez les aïeux.
Pour moi je donne au Diable à faire mieux.


LES GRÂCES RÉFORMÉES.

Lorsqu’en instruisant tu t’amuses
À considérer tous ces dieux
Dont tant de favoris des Muses
Ont pris soin de peupler les cieux :
« On en pourrait, dis-tu, réformer quelques classes
l’abondance des biens en fait tomber le prix ;
Pourquoi, par exemple, nous inventer trois Grâces ?
Une seule eût suffi. — D’accord, jeune Philis ;
Mais il était peu vraisemblable
Qu’une seule beauté rassemblait tant d’appas ;
Puisq’alors, enfant, on ne te connaissait pas,
Cette erreur était pardonnable.