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LA BOUGIE DE NOËL.

CONTE.

À Pise, ville d’Italie.
Habitait un certain nomme Dalcantaris,
Jaloux de sa moitié jusqu’à la frénésie :
Le fait n’est étonnant, Italiens maris
Sont sujets, comme on sait, à visions cornues.
Celui-ci, galant autrefois,
Savait sur le bout de ses doigts
Les rubriques d’amour, même les moins connues.
Pour mettre donc en sûreté
Son honneur, ou plutôt celui de son épouse,
Ceintures de virginité
Vinrent d’abord s’offrir à son âme jalouse ;
Mais c’était peu pour lui. Les plus sûrs cadenas
Pour garder ce trésor, font en vain résistance.
Le drôle le savait, et par expérience ;
Voici donc ce qu’il fit pour éviter le cas.
Il joignit à cette ceinture,
Vers l’endroit dangereux, deux lames de rasoir
Deux ressorts les faisaient mouvoir,
Et dès qu’on les lâchait, refermaient l’ouverture.

Sa femme à peine eut reçu ce présent,
Que pour tromper sa méfiance,
Elle en propose à son amant
La dangereuse expérience.
Une nuit que, cédant aux charmes des pavots,
Notre Argus, sur la foi de la chaste ceinture,