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L’ACCORD ENTRE LA CHAIR ET LA VÉRITÉ.

CONTE.

La vérité, la charité.
Si rares au siècle où nous sommes,
Étaient les plus beaux dons qu’eût fait le ciel aux hommes.
Avant qu’ils l’eussent irrité.
Mais ces aimables sœurs ont quelquefois querelle,
Le plus habile a peine à les concilier.
L’une est toujours ardente, et signale son zèle ;
L’autre est inexorable et ne saurait plier.
S’il faut prendre parti le choix est difficile.
Voyons de quelle adresse à franchir ce pas-là
Sut user un docteur habile
Dans l’école de Loyola.

Dans Paris une jeune fille,
Héritière d’un gros banquier,
Était l’honneur de sa famille
Et l’ornement de son quartier.
Plus d’un galant cherche à lui plaire ;
Mais entre les devoirs rendus
Près de la fille et de la mère,
Les soins d’un jeune mousquetaire
Semblent les plus ardents et les plus assidus.
La mère prudente, attentive,
Juge à propos d’entrer en explication,
Et d’une recherche si vive
Approfondir l’intention.
« Ma vue est toute légitime,
— Répond fièrement l’amoureux ; —
Si je puis devenir heureux,