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Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/99

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VI

Un capucin, ardent et plein de feu,
Dans un bordel excitait une nonne
Au jeu d’aimer, mais pour l’amour de Dieu :
Gratis s’entend. « Non pas, — dit la friponne,
Nescio vos, Père Zorobabel !
Je vis du con, comme vous de l’autel ;
Tirez de l’or, autrement point d’affaires…
« De l’or à nous !… — répond le bouc sacré,
« Las ! par nos vœux, nous l’avons abjuré ;
« Mais bien, dirai pour vous trente rosaires. »

VII

Un mousquetaire, aux pieds d’un vieux billette,
Son cas joyeux, déduisait clair et net.
« J’ai, — lui dit-il, — avec un tendre objet,
« Depuis longtemps, une intrigue secrète ;
« Ce n’est le tout : item, je suis sujet…
— À quoi ? voyons. — À le faire en levrette. —
— D’où vient cela, — reprit Père Seguin ?
« C’est que j’y trouve un pouce au moins de gain. »
« — Ah ! mon enfant, — dit le saint personnage,
« Pour ton salut, reviens à l’avant-main ;
« L’esprit pervers, avec ce beau ménage,
« M’a fourvoyé cent fois de mon chemin. »

VIII

Deux gars étaient sur un même palier :
L’un franc Picard et l’autre de Provence,