Page:Pitou - Voyage à Cayenne - Tome 1.djvu/12

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xij A dix ans, elle me destina à l’étude des langues, et ne négligea rien pour me donner une bonne éducation ; elle étoit dévote et mondaine, et me destinoit à la prêtrise. Je réussis à son gré ; alors elle me traita comme son enfant : elle avoit même cette divine ambition des bons pères qui jouissent et renaissent dans leurs enfans qui se distinguent dans leurs classes. Rien ne lui coûtoit trop cher quand il s’agissoit de mon avancement ; mais elle ne vouloit toujours pas voir ma mère, ce qui étoit un crève-cœur pour moi. A quatorze ans, je lui demandai à étudier endroit ; alors elle ne me laissa que l’alternative de prendre un métier pénible et contraire à mon goût, ou de me faire prêtre ; et de ce moment elle aliéna, vendit et dénatura notre fortune, me disant que j’avois eu ma part, que je navois plus à choisir que le sacerdoce. De mon côté, je me promis de ne lui jamais ouvrir mon cœur ; et je