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PORTRAITS LITTÉRAIRES.

prévoyante. Jamais il n’a manié sa fantaisie avec une avarice plus intelligente. Il sait où il va^ et il marche vers le but prévu du pas qui lui plaît^ hâtant ou ralentissant son allure selon les besoins du récit. Il a tiré de son sujet tout le parti qu’on pouvait souhaiter ; il l’a fécondé sans l’épuiser. La manière dont madame de Vaubert pétrit l’âme de Stamply comme une cire obéissante^ les conversations de Bernard et du marquis, , révèlent^ chez M. Sandeau^ un véritable talent pour la comédie. L’abondance de la pensée, la sobriété de l’expression, donnent aux personnages une vie, un naturel, qui n’appartiennent qu’aux maîtres du genre. Mademoiselle de la Seiglière est à coup sûr une des lectures les plus agréables qui se puissent rencontrer, une œuvre dont le mouvement et la variété ne laissent rien à désirer. On ne sent nulle part l’effort ou l’inquiétude. L’auteur semble si convaincu de ce qu’il raconte, il croit si bien au caractère, aux paroles de ses personnages, que sa foi entrame la nôtre, et nous écoutons le marquis et sa fille, le vieux Stamply, Bernard et madame de Vaubert, comme si nous les avions près de nous. C’est pourquoi Mademoiselle de la Seiglière me paraît supérieure à tous les romans de M, Sandeau, par la réalité, — par le mouvement et la vie.

Catherine, publiée l’année dernière, sans réunir toutes les qualités qui recommandent Mademoiselle