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PORTRAITS LITTÉRAIRES.

qu’à mesurer des pygniées^ eux qui ne veulent rei garder que des géants ?

Aussi voyez comme ils traitent les questions qu’ils n’ont pas même effleurées ? Voyez comme ils déplacent et brouillent les termes opposés des équations qu’ils prétendent résoudre ! comme ils tranchent d’un mot les doutes qu’ils ne conçoivent pas !

Il y a dans la vénération pour le passé quelque chose qui obscurcit fréquemment l’intelligence des contemporains. Complète et persévérante, l’étude des monuments qui ont traversé les siècles ne pourrait se concilier avec l’ignorance et le dédain du présent ; renfermée dans certaines limites, dévouée aux intérêts d’une famille dont elle ne connaît pas la généalogie, cette étude ferme la porte aux idées nouvelles.

Faut-il s’étonner si un homme, façonné dès longtemps aux poèmes castillans de Corneille, ou bien aux élégies harmonieuses, aux délicates analyses de Racine, refuse de s’initier par de nouvelles et laborieuses investigations aux tentatives et aux espérances de la poésie contemporaine ? Faut-il s’étonner s’il répugne à passer de la contemplation des chefs-d’œuvre accomplis à la recherche des créations qui se multiplient et se combattent, et dont plusieurs encore ne sont que l’ébauche incomplète des idées qu’elles devaient réaliser ? Il est si simple et si commode d’enfermer sa pensée