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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/116

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pendance causale, de telle sorte que chaque expérience vitale, chaque pensée, chaque vouloir, soit conditionnés pleinement et nécessairement par une ou plusieurs circonstances ou survenances antérieures ; ou bien règne-t-il ici, par contraste avec la nature, jusqu’à un certain point, quelque liberté, arbitraire ou hasard, comme on voudra l’appeler ?

Dès longtemps il s’est formé là-dessus des opinions très diverses. C’est ainsi que se sont trouvées répandues jusqu’à ces tout derniers temps des théories comme à peu près la suivante : Plus haut l’on monte sur l’échelle des êtres dans la nature, plus on voit décroître en importance le rôle de la nécessité et plus grands deviennent le domaine et la portée de la liberté créatrice qui, chez l’homme, s’élève jusqu’à l’autonomie complète de la volonté.

Une telle conception est-elle juste et, si oui, jusqu’à quel point ? Il n’appartient qu’à la recherche historique de se prononcer à ce sujet. La question se pose d’ailleurs tout à fait comme dans les sciences de la nature, à cela près que l’on se sert ici d’une terminologie quelque peu différente et en harmonie avec les circonstances spéciales en présence desquelles on se trouve. Comme objet de la recherche, nous avions dans les sciences de la nature, un être déterminé doué de propriétés données ; de même ici, nous avons une personnalité individuelle déterminée, avec des prédispositions héréditaires données, telles que la structure du corps, l’intelligence, l’imagination, le caractère et le tempérament, l’humeur. Comme conditions extérieures, nous voyons agir les conditions physiques du monde qui enveloppe l’individu, telles qu’elles s’exercent par le climat, l’alimentation, l’éducation, les relations, les lectures, etc. On se demandera si, d’après toutes ces données, on peut déterminer la conduite à venir de l’homme selon certaines lois et cela en tous ses détails.

Il va de soi qu’il ne peut s’agir ici, bien moins encore que dans les sciences naturelles, de donner à cette question une réponse totale et irréfutable en logique ; mais il n’est pas moins permis de penser, dès aujourd’hui, et en toute assurance, que la direction prise, aussi bien par la psychologie, que par la science historique dans le cours de leur développement, conduiront à résoudre la question,