Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

difficulté provient de ce que les deux éléments peuvent souvent donner plusieurs combinaisons différentes. Tel est le cas, par exemple, de l’oxygène et de l’hydrogène ; et on ne peut savoir finalement si l’équivalent de l’oxygène est 8 ou bien 16. Pour pouvoir trancher la question, il fallait faire appel à un nouvel axiome, étranger cette fois à la stœchiométrie. L’hypothèse d’Avogadro fut justement l’axiome cherché. Cette hypothèse se base sur le fait suivant, découvert par Gay-Lussac : deux éléments à l’état gazeux ne se combinent pas seulement suivant des rapports pondéraux déterminés ; mais aussi suivant des rapports volumétriques fixes, si on les prend à la même température et sous la même pression. Il en résulte que, dans la série des poids équivalents que l’on peut déduire de la série des composés issus de ces deux éléments, il y en a un, désigné sous le nom de poids moléculaire, qui est tel que le rapport des poids moléculaires de deux gaz est égal à celui de leurs densités. Cette définition ne fait plus appel au concept de réaction chimique, mais, plus simplement, à celui de corps chimiquement définis. On peut donc l’appliquer à des éléments qui, comme les gaz nobles, ne peuvent entrer en combinaison avec aucun autre.

En appliquant la loi d’Avogadro pour déterminer les poids moléculaires, on s’aperçoit que, fréquemment, les molécules d’un élément n’entrent dans un composé que pour une fraction de leur poids moléculaire. Ainsi la molécule de vapeur d’eau se compose d’une molécule entière d’hydrogène et d’une demi-molécule d’oxygène. La molécule de gaz chlorhydrique se compose d’une demi-molécule de chlore et d’une demi-molécule d’hydrogène. Aussi est-on passé de l’idée de poids moléculaire à celle de poids atomique, en définissant ce dernier comme la plus petite fraction du poids moléculaire qui se rencontre dans les combinaisons où rentre un élément. Le poids atomique déduit de la loi d’Avogadro a donc acquis à certains égards un caractère absolu, ce qui n’empêche pas que, à beaucoup d’autres points de vue, il conserve un aspect relatif. Le poids atomique selon Avogadro n’est, en effet, qu’un nombre exprimant un rapport ; pour le déterminer, il est nécessaire de poser comme égal à l’unité le poids atomique d’un certain élément, en l’espèce : l’hydro-