Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/137

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naire qui est extrêmement grande et qui ne peut se manifester ; car elle imprègne uniformément tous les corps. Bien qu’une telle manifestation puisse se produire dans quelques cas exceptionnels, il en est d’elle comme de la pression atmosphérique qui, malgré sa valeur considérable, ne joue aucun rôle dans la plupart des mouvements que nous observons ; car elle est uniforme dans toutes les directions. Cette hypothèse au sujet du rayonnement est évidemment légitime ; mais, seul, le développement de ses conséquences peut nous renseigner sur sa valeur. Or une des plus étranges est certainement celle-ci : Il y a un système de référence qui devrait être regardé comme étant en repos absolu, à savoir celui dans lequel le rayonnement au point neutre est égal dans toutes les directions. L’énergie du champ neutre étant ainsi déterminée, celle de tout autre champ l’est par voie de conséquence.

Venons-en maintenant à l’énergie de la matière ; nous pouvons également parvenir à en déterminer la valeur absolue. Mais l’énergie d’un corps au repos n’est pas nulle, comme on pourrait le conjecturer, elle est égale au produit de la masse du corps par le carré de la vitesse de la lumière.

Cette énergie, dite énergie de repos, est une fonction de la constitution chimique du corps et de sa température. Si le corps vient à se mouvoir sous l’action d’une force, son énergie de repos, quelque grande que soit son expression numérique, n’intervient pas dans les effets du mouvement ; car il s’agit, encore cette fois, de différences d’énergie. J’ai déjà insisté plus haut sur le fait que ces considérations ne dérivent point du principe de la conservation de l’énergie et, de fait, c’est dans le principe de la relativité restreinte qu’il faut en chercher l’origine. Il est évidemment fort curieux de voir qu’une théorie de la relativité ait eu justement pour effet de permettre la détermination de la valeur absolue de l’énergie d’un système physique. Cependant, il n’y a là qu’un paradoxe apparent. Il s’explique très facilement parce que dans la théorie de la relativité, il s’agit de l’influence du système de référence choisi ; alors qu’ici, c’est de l’influence de l’état physique d’un système sur son énergie qu’il est question.

Mais, diront les puristes, y a-t-il vraiment un sens rai-