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tique, la théorie de la conductibilité thermique et les phénomènes chimiques ; la seconde renferme le magnétisme, l’optique et la chaleur rayonnante. Cette division est-elle définitive ? Je ne le crois nullement et, cela, parce qu’il n’y a pas de frontières précises entre ces deux domaines.

Les phénomènes de l’émission lumineuse, par exemple, appartiennent-ils à la mécanique ou à l’électrodynamique ? Autre exemple : à quel domaine convient-il de rattacher le mouvement des électrons ? Au premier abord, on serait tenté de répondre : à l’électrodynamique ; car la matière pondérable ne joue aucun rôle dans les électrons. Mais si l’on considère, par exemple, le mouvement des électrons dans les métaux, on verra que les travaux de H. A. Lorentz, entre autres, lui appliquent des lois qui ressemblent bien davantage à celles de la théorie cinétique des gaz qu’à celles de l’électrodynamique.

Ainsi donc la vieille opposition entre la matière et l’éther semble être en train de s’estomper peu à peu. L’électrodynamique et la mécanique sont loin de s’opposer irréductiblement, quoi qu’en pensent les gens qui vont répétant, un peu partout, que nous assistons au duel de la conception mécanique et de la conception électrodynamique de l’univers. Pour donner une base à la mécanique, il suffit des notions de temps, d’espace et de « ce qui se meut », peu importe que ce soit une « substance » ou un « état » ; or l’électrodynamique, elle aussi, ne peut aucunement se dispenser de faire appel à ces notions. Il en résulte qu’une généralisation convenable du concept de mécanique suffirait à y faire rentrer l’électrodynamique. D’ailleurs il y a bien des indices que les deux domaines en question, déjà partiellement confondus, finiront par fusionner entièrement dans une seule et même dynamique générale.

Si l’on parvient à surmonter l’opposition de la matière et de l’éther, quel sera alors le point de vue auquel on se placera pour établir des subdivisions à l’intérieur de la physique ? D’après ce que nous avons dit plus haut, c’est là une question qui intéresse toute l’évolution future de notre science. Mais pour y répondre il faut, auparavant, que nous approfondissions davantage ce qui appartient en propre aux principes de la physique.