Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/16

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chaient aux contingences ayant présidé à sa naissance. Au contraire, pour le principe de Clausius, dont on a fait le second principe de la thermodynamique, il est loin d’en être de même, du moins dans une aussi large mesure ; et voilà, précisément, ce qui en fait l’intérêt au point de vue qui nous occupe. Nous voyons en effet ce principe pour ainsi dire non encore complètement dépouillé de la gangue où il était enrobé à l’origine de son développement.

Le second principe de la thermodynamique, du moins tel qu’on le comprend le plus ordinairement, possède, actuellement encore, un caractère anthropomorphique des plus nets. Il y a encore nombre de physiciens éminents qui croient que sa légitimité dépend du fait qu’il est impossible à l’homme de pénétrer dans les détails de la complexité du mouvement moléculaire, c’est-à-dire d’accomplir ce que peuvent faire les démons de Maxwell. On sait que ces derniers sont capables de séparer, dans un gaz, les molécules lentes des molécules rapides, et cela sans fournir le moindre travail, en soulevant simplement de temps en temps un petit volet. Mais il n’est pas besoin d’être prophète pour prédire avec certitude que le second principe, n’ayant au fond rien à voir avec les capacités humaines, on ne fera dans sa formule définitive aucune allusion à la possibilité d’exécution d’aucun processus naturel par les ressources de l’art humain. Nous espérons même que les considérations qui vont suivre ne seront pas sans contribuer quelque peu à libérer tout élément anthropomorphique le second principe.

Examinons d’abord, d’un peu près, la signification de ce dernier et cherchons les liens qui le rattachent au principe de la conservation de l’énergie. Le principe de la conservation de l’énergie déclare qu’il n’y a de possibles, parmi les phénomènes naturels, que ceux où il n’y a ni création ni anéantissement, mais simplement transformation d’énergie ; le second principe, allant plus loin, dit que toutes les transformations d’énergie ne sont pas possibles mais seulement un certain nombre d’entre elles et dans certaines circonstances. Par exemple, le travail mécanique est susceptible de se transformer en chaleur sans restrictions, comme il arrive dans le cas du frottement ; mais la transformation inverse, c’est-à-dire celle de