Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/166

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prétendre au repos et que sa mesure du temps est exacte. Dans ces conditions, les événements tenus pour simultanés par un des observateurs ne le seront plus pour l’autre. Voilà certes un point de vue difficile à concilier avec le pouvoir représentatif de notre imagination. Mais le sacrifice qui est ainsi demandé à notre intuition est insignifiant et quasi nul si on le compare aux avantages inestimables qu’il a procurés, parce qu’il rend possible une synthèse de l’univers d’une simplicité et d’une amplitude vraiment grandioses.

Si quelqu’un ne pouvait, malgré tout, s’empêcher de soupçonner la théorie de la relativité de comporter quelque contradiction interne, nous lui ferions remarquer qu’une théorie dont tout le contenu peut tenir en une formule mathématique ne peut pas se contredire elle-même, pas plus que ne le peuvent deux conséquences de la même formule. C’est notre intuition qui doit se conformer aux résultats de la formule et non pas l’inverse.

En dernière analyse, l’expérience seule est capable d’établir la validité du principe de relativité et de renseigner sur son importance et nous ajouterons même que la possibilité, pour une théorie, d’être vérifiée par l’expérience est la marque la plus significative de sa fécondité. Or, malgré les bruits qui se sont répandus dans le grand public à ce sujet, jamais, jusqu’ici, l’expérience n’a infligé de démenti à la théorie de la relativité. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, si quelqu’un estimait qu’une telle contradiction est possible ou même probable, le mieux à faire, pour soutenir son opinion, serait encore de prêter son concours au développement de la théorie en la poussant jusqu’à ses dernières conséquences ; tel est l’unique moyen de faire apparaître une contradiction éventuelle entre elle et l’expérience. Le travail dont il s’agit serait d’autant plus aisé que la théorie ne comporte aucune équivoque, qu’elle est relativement claire et qu’elle s’adapte merveilleusement au cadre de la physique classique.

Bien plus, pour ma part, si je ne craignais de soulever des objections d’ordre historique, je n’hésiterais pas un instant à faire rentrer la relativité dans la physique classique. C’est elle qui en a été dans une certaine mesure le couronnement par son unification, dans une synthèse supé-