Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VIII

L’UNIVERS TEL QU’IL EST AUX YEUX DE LA PHYSIQUE MODERNE

En essayant de retracer l’histoire de l’évolution des idées concernant l’univers depuis une vingtaine d’années, je suis pleinement conscient que je ne puis avoir la prétention d’être complet. Je m’y résigne, il est vrai, en pensant que cette tâche est devenue singulièrement difficile. Les problèmes qui se sont posés mettent en effet en cause l’intégralité de notre capacité de connaissance en physique et cela à un point tel qu’on ne l’eût jamais jugé possible autrefois. Je crois donc indispensable, dans un but de clarté, de partir de considérations assez lointaines, dussè-je m’exposer à redire inutilement des choses connues depuis longtemps.

I

La science physique, tout entière, est un édifice à la base duquel on trouve les mesures. Or toute mesure étant liée à une perception sensible, toute loi physique concerne, au fond, des événements ayant lieu dans le monde sensible ; c’est pourquoi un certain nombre de savants et de philosophes sont portés à penser, qu’en dernière analyse, les physiciens n’ont affaire qu’au monde sensible, et même au monde tel qu’il est perçu par les sens humains. Par exemple, un « objet » au point de vue physique, ne sera pas autre chose qu’un complexe de diverses sensations convergentes. Nous ne saurions jamais trop y insister, il n’existe pas de motif logique permettant de réfuter cette opinion ; car la logique seule ne peut faire sortir qui que ce soit du monde sensible ; elle est même incapable de