Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/223

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impressions très différentes ; parce qu’à une impression bien déterminée, peut correspondre un grand nombre de compositions élémentaires différentes.

Pourtant, il est une question à propos de laquelle a pu surgir contre l’acceptation d’une causalité stricte universelle, une objection qui semble, en principe, irréductible : c’est la question du libre arbitre. En raison du haut intérêt qu’elle présente au point de vue humain, je m’y arrête un instant.

Notre conscience, qui est aussi le juge sans appel de toutes nos facultés connaissantes témoigne, en effet, irrécusablement, que nous sommes libres. Cela est-il vrai ? La volonté humaine est-elle libre ou bien obéit-elle à une causalité stricte ? Ce sont là deux thèses qui semblent s’exclure complètement, et comme il semble bien qu’il faille répondre par l’affirmative en faveur de la première ; il en résulterait qu’il y a au moins un cas où il est absurde d’admettre l’existence d’une causalité stricte.

De nombreuses tentatives ont déjà été faites en vue de résoudre ce dilemme et, dans ce but, on s’est souvent efforcé de tracer une limite au-delà de laquelle la loi de causalité ne serait plus valable. Tout récemment, même on s’est appuyé, pour cela, sur le développement de la physique moderne qui serait en faveur d’une causalité purement statistique. Je répète ici, comme je l’ai déjà fait en mainte autre occasion, que cette opinion ne concorde nullement avec ma manière de voir. En effet, si elle était juste, la volonté humaine se trouverait être dégradée au point de n’être plus que l’instrument d’un hasard aveugle. À mon avis, la question du libre arbitre n’a rien à voir avec le contraste qui existe entre la physique causale et la physique statistique ; elle est d’une nature bien plus profonde ; car elle ne dépend d’aucune hypothèse physique ou biologique.

Selon moi, et ici je me trouve être d’accord avec des philosophes célèbres, pour échapper au dilemme, il faut se placer sur un tout autre terrain. Un examen attentif permet, en effet, de se rendre compte que l’alternative posée entre une volonté humaine libre et une volonté régie par la causalité, repose sur une disjonction logique vicieuse ; car les deux cas mis en opposition ne s’excluent