Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/238

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tique est la seule qui soit pleinement satisfaisante par elle-même. Ils se tiennent donc pour satisfaits, en supposant que le choc de deux molécules, prises à part, et le bombardement des parois du récipient par une seule molécule prise isolément obéissent à des lois purement statistiques. Pourtant il n’y a pas plus de raison à admettre cela qu’il n’y en a à affirmer que la charge des électrons se trouve entièrement à leur surface parce que tous les électrons d’un conducteur se rassemblent à la surface de ce conducteur.

Pour les déterministes, il faut, au contraire, chercher la règle derrière le désordre apparent ; c’est pourquoi ils ont été amenés à fonder la théorie des gaz sur la supposition que le choc de deux molécules obéit à des lois strictement causales. L’établissement d’une théorie répondant à ces désidérata a été la grande œuvre du physicien Boltzmann et c’est une des plus belles réussites de la physique théorique. En effet, la théorie de Boltzmann, non seulement rend compte du fait, vérifié expérimentalement, que l’énergie moyenne des oscillations autour de la position d’équilibre est proportionnelle à la température absolue ; mais encore elle permet, en mesurant ces oscillations, par exemple au moyen d’une balance très sensible, de calculer à l’avance avec une exactitude surprenante, le nombre absolu et la masse des molécules incidentes.

Ce résultat et un grand nombre d’autres, tout aussi brillants, permettaient d’espérer légitimement, qu’avec le temps, l’image représentative physique de l’univers deviendrait complètement adéquate à sa fonction parce que les incertitudes résultant de la transposition de l’univers sensible à l’univers représentatif et, inversement, de l’univers représentatif à l’univers sensible iraient en s’atténuant de plus en plus, en raison du perfectionnement incessant apporté aux méthodes de mesure. Or, cet espoir a été anéanti d’un seul coup et pour toujours par suite de la découverte du quantum d’action.

Comme la théorie des quanta fait son apparition à propos de l’étude du rayonnement lumineux et thermique, nous débuterons par des considérations se rapportant aux phénomènes de rayonnement.

L’existence de faits nombreux permet d’affirmer qu’un rayon lumineux d’une couleur donnée ne transmet pas