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CHAPITRE XI

ORIGINE ET ÉVOLUTION DES IDÉES SCIENTIFIQUES

La science, à la considérer objectivement, se présente comme un tout, ayant son unité interne. Il se trouve, il est vrai, qu’elle est divisée en spécialités ; mais cette division n’est pas fondée sur la nature des choses, elle provient seulement de ce que l’esprit humain est borné et que, par suite, une division du travail lui est indispensable. En fait, il y a une chaîne continue qui, partant de la physique et de la chimie, par l’intermédiaire de la biologie et de l’anthropologie, aboutit aux sciences sociales et à la psychologie et, nulle part, ce lien ne saurait être rompu si ce n’est arbitrairement. Les méthodes, elles-mêmes, du travail scientifique, dans les différentes branches du savoir, se révèlent comme étroitement apparentées à qui les regarde de près ; seules les adaptations à leurs objets spéciaux font qu’elles semblent la manifestation d’activités différentes. Les pages les plus récentes de l’histoire des sciences n’ont certes pas peu contribué à faire ressortir cette affinité des diverses sciences spéciales, et cela, pour le plus grand bien, tant interne qu’externe de la science, c’est-à-dire en tant que cette dernière est considérée en elle-même ou dans son rayonnement extérieur. Je crois donc opportun de faire porter les considérations générales qui vont suivre sur tout l’ensemble des sciences et ceci n’exclut évidemment pas que si je suis amené à faire des applications particulières je les choisirai de préférence dans le domaine qui m’est familier.

Quelles sont les caractéristiques d’une idée scientifique et comment naît-elle ? En posant cette question je ne pense cependant pas à faire une analyse détaillée des phénomènes psychologiques subtils qui se passent dans l’esprit