Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Certes, il est arrivé qu’une grandeur tenue primitivement pour absolue ait été considérée ultérieurement comme relative ; mais quand cela s’est produit, cela a toujours eu lieu parce que cette grandeur a été ramenée à une autre grandeur plus absolue, je veux dire absolue en un sens plus vrai et plus profond. Il est en effet impossible d’élaborer aucun concept, d’édifier aucune théorie si l’on ne suppose pas, au préalable, qu’il y a des grandeurs absolues.

Le second principe de la thermodynamique, ou principe de l’accroissement de l’entropie, a, lui aussi, reçu des interprétations extraphysiques. La proposition, d’après laquelle le cours de tous les phénomènes physiques a lieu dans un seul sens, a été citée à l’appui de considérations évolutionnistes en biologie. Cette tentative doit pourtant être considérée comme singulièrement malheureuse, puisque le mot d’évolution est inséparablement lié à l’idée d’une marche dans une direction ascendante et, par conséquent, à celle de progrès, d’anoblissement. Le principe de l’entropie est une loi de probabilité. Il signifie, au fond, tout simplement, qu’un état moins probable est en moyenne suivi d’un état plus probable. Si on veut transposer cette loi en biologie, il faudrait donc plutôt penser à une dégénérescence qu’à un anoblissement ; car le désordonné, l’ordinaire, le vulgaire, est, a priori, plus probable que l’ordonné, l’excellent, le supérieur.

À toutes les idées trompeuses dont nous venons de parler, il convient d’ajouter encore une autre classe d’idées, à savoir celles qui n’ont absolument aucun sens : le rôle qu’elles jouent en physique n’est pas mince. L’assimilation du mouvement d’un électron autour du noyau atomique à celui d’une planète autour du soleil a fait que la question de la position et de la vitesse de l’électron s’est posée, et, cependant, les travaux ultérieurs des physiciens ont montré que l’on ne peut pas répondre à la fois à ces deux questions. C’est là un exemple qui montre combien il est aventureux de vouloir transposer des notions dans un domaine qui n’est pas celui où elles ont fait leurs preuves et combien il faut être prudent quand on formule et quand on contrôle des idées nouvelles.

Cependant, il y a aussi le revers de la médaille et il est