Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le détail en disant quelques mots de ces postulats, primitivement considérés comme la base évidente de toute théorie sérieuse et qui furent remis en question plus tard et déclarés difficilement compatibles ou même contradictoires avec les grands principes de la physique par suite de la découverte de faits nouveaux. Je n’en nommerai que trois : le postulat de l’invariabilité des atomes, celui de l’indépendance réciproque du temps et de l’espace, et celui de la continuité de toutes les actions dynamiques.

Je ne puis naturellement avoir l’intention d’exposer ici tous les arguments, pourtant solides, qui combattent l’idée de l’invariabilité des atomes chimiques. Je me contenterai de citer un seul fait qui devait fatalement déclencher un conflit entre l’ancienne idée de l’invariabilité des atomes et un grand principe général de la physique ; je veux dire l’émission de chaleur perpétuelle qui est le propre de tous les composés du radium. Dans ce cas, le principe auquel on se heurte est le principe de la conservation de l’énergie. S’il y a eu, au début du conflit, quelques voix pour mettre en doute la validité de ce principe, nous le voyons remporter aujourd’hui une éclatante victoire.

Un sel de radium enfermé sous une enveloppe de plomb suffisamment épaisse émet continuellement de la chaleur, cette quantité de chaleur est de 135 calories par gramme de radium et par heure. L’échantillon de radium reste donc continuellement plus chaud que son entourage, il en est de lui comme d’un four qui est chauffé. Mais le principe de la conservation de l’énergie s’oppose à ce que cette chaleur vienne de rien ; elle doit donc être causée par une transformation quelconque équivalente. Dans le cas du four, l’origine de la chaleur dégagée doit être recherchée dans les phénomènes de combustion dont il est le siège. Mais dans le cas du radium, comme il n’y a aucun autre phénomène chimique qui soit possible, il faut bien admettre que l’atome de radium lui-même subit une transformation. D’ailleurs cette hypothèse, malgré sa hardiesse, s’est vérifiée sous tous les rapports.

Certes, au point de vue de la forme stricte du mot, on ne saurait parler d’atomes modifiables, car, en vertu de l’étymologie, le nom d’atome a désigné primitivement les éléments ultimes invariables dont toute matière est formée.