Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/46

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horloges en conséquence, mais cette manière de régler les horloges n’est plus légitime par principe, dès lors que se basant sur la relativité de tous les mouvements on transporte les observateurs de la terre sur le soleil, c’est-à-dire si l’on considère la terre comme étant en mouvement. En effet, en vertu du principe de la constance de la vitesse de la lumière il est clair que les stations qui sont situées par rapport à la station émettrice dans le sens du mouvement de la terre recevront le signal plus tôt que celles qui sont situées à l’opposé : les premières fuient devant les ondes lumineuses qui cherchent à les atteindre tandis que les secondes marchent au-devant d’elles. Le principe de la constance de la vitesse de la lumière rend donc impossible une mesure absolue du temps, c’est-à-dire une détermination indépendante de l’état de mouvement de l’observateur : ce sont là deux choses inconciliables. Dans le conflit actuel, c’est la constance de la vitesse de la lumière a pris nettement le dessus et bien qu’il y ait eu quelques doutes récemment à ce sujet, il est probable que le principe ne subira plus aucune modification.

Le troisième postulat cité par nous plus haut a trait à la continuité de toutes les actions dynamiques. Ce postulat était autrefois une des bases incontestables de toute théorie physique. Par une interprétation assez libre des idées d’Aristote, il a été résumé dans l’adage : « natura non facit saltus ». Or les progrès de la science moderne ont ouvert une brèche dangereuse dans ce bastion, jusqu’ici inviolé de l’ancienne physique. Cette fois-ci ce sont les principes de la thermodynamique qui sont entrés en conflit avec l’antique postulat, à la suite de nouvelles découvertes expérimentales. Selon toutes les apparences les fours de son règne sont déjà comptés. La nature semble en effet effectuer des bonds et cela de façon bien singulière. Pour me permettre de mieux élucider ce point, permettez-moi une comparaison.

Imaginons une vaste étendue d’eau à la surface de laquelle un vent violent soulève une forte houle. Si le vent vient à cesser les vagues n’en continueront pas moins à déferler d’une rive à l’autre pendant encore assez longtemps, mais le phénomène se modifiera d’une manière caractéristique avec le temps. L’énergie contenue dans les