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CHAPITRE III

LOIS STATISTIQUES ET LOIS DYNAMIQUES

Toutes les sciences, surtout celles qui sont en pleine jeunesse, sont fertiles en découvertes imprévues et même imprévisibles ; toutes, sans en excepter même les mathématiques, sont, jusqu’à un certain point, des sciences expérimentales. Qu’une science ait pour objet la nature ou bien la civilisation intellectuelle, son rôle principal sera toujours de mettre de l’ordre et de la cohérence dans la masse des faits et des expériences accumulés, de combler les lacunes qui s’y trouvent et d’unifier enfin le tout dans une synthèse.

Cette unification ne serait d’ailleurs pas possible si les lois qui s’appliquent aux objets si divers des différentes sciences différaient autant par leur nature qu’on serait tenté de le croire quand on compare, par exemple, une question d’histoire et une question de physique. En tout cas, il serait complètement faux de vouloir trouver une différence de principe, entre les lois qui régissent les deux domaines, dans le fait que les lois qui se trouvent dans les sciences de la nature sont absolues et ne comportent pas d’exceptions et que, par suite, le cours des phénomènes régis par ces lois a un caractère de nécessité ; tandis que dans le domaine des sciences morales, l’enchaînement causal est toujours interrompu, çà et là, par l’irruption d’une certaine dose de hasard et d’arbitraire. D’une part, en effet, toute activité intellectuelle, scientifique, même si cette activité a pour objet ce qu’il y a de plus élevé dans l’esprit humain, repose sur un postulat indispensable,