qu’insaisissables, qui déjouent parfois tous les calculs de la prudence de l’opérateur, justifient les modestes paroles qui servent d’épigraphe à ma Thèse.
Des faits nombreux prouvent, en effet, qu’une opération, quelque simple qu’elle soit, peut se compliquer d’accidents graves et même devenir mortelle. Ces cas malheureux ont été observés plus souvent de nos jours qu’à aucune autre époque, malgré les progrès récents de la médecine opératoire ; et on le conçoit sans peine quand on considère que le champ de la chirurgie est devenu beaucoup plus vaste qu’il ne l’était, et l’observation des maladies, de tous les phénomènes qui les accompagnent, plus minutieuse et plus exacte. L’histoire de ces accidents est donc un point important des connaissances chirurgicales. Pour apprécier convenablement l’opportunité d’une opération, le chirurgien ne doit jamais oublier d’opposer aux avantages qui peuvent en résulter pour le malade, les accidents dont elle peut devenir la source, car le premier devoir de sa profession est de ne pas nuire. Il doit sans cesse se tenir sur ses gardes, soit pour éloigner autant que possible toutes les circonstances qui peuvent provoquer le développement de ces accidents, soit pour les combattre et en réprimer les funestes effets, lorsqu’il n’a pu les prévenir.
Ce sujet est si vaste que je suis réduit à le traiter d’une manière très-sommaire ; je crains même d’être forcé d’en retrancher certaines parties essentielles, des circonstances particulières m’imposant l’obligation de me renfermer dans des limites assez restreintes.
Sans prétendre définir d’une manière rigoureuse, ce qu’on entend par accidents en médecine opératoire, je désignerai par là toute circonstance qui, survenant en dehors du plan de l’opérateur, peut exercer une influence plus ou moins fâcheuse sur le but et les suites d’une opération.