Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/153

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non d’être victime, d’être oppresseur, non d’être opprimé, et qu’ainsi l’orateur est loin d’être heureux parce qu’il peut être injuste, encore moins parce qu’il peut l’être impunément. En effet, non-seulement l’ordre condamne toute injustice ; mais quand une injustice a été commise, l’ordre y attache une peine, obligatoire pour l’être moral. Éluder cette peine, c’est faire à l’ordre une infraction nouvelle, c’est s’enfoncer encore plus dans le désordre et dans le malheur. Pensons-y bien. La vraie existence est celle de l’intelligence. Le vrai, le juste, le bien, le beau, l’ordre seul existe substantiellement ; le faux, l’injuste, le mal, le désordre tentent d’être en quelque sorte, sans pouvoir entrer en possession de l’existence. Le mal et le désordre sont des négations. La peine ou la satisfaction à la loi qui attache à l’injustice l’obligation d’une réparation douloureuse, est déjà un retour à l’ordre et à la véritable existence ; c’est à son tour une négation de la