Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/194

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CHÉRÉPHON.

Nous aurions donc raison de l’appeler médecin.

POLUS.

Oui.

CHÉRÉPHON.

Et s’il était versé dans le même art qu’Aristophon, fils d’Aglaophon, ou que son frère[1], de quel nom conviendrait-il de l’appeler ?

POLUS.

Du nom de peintre, évidemment.

CHÉRÉPHON.

Puisqu’il est habile dans un certain art, quel nom faut-il lui donner ?

POLUS.

Chéréphon, il y a, parmi les hommes, un grand nombre d’arts qu’à force d’expériences l’expérience a découverts : car l’expérience fait que notre vie marche avec ordre, et l’inexpérience, au hasard. Les hommes se sont donc partagés les arts : les uns ont pris ceux-ci, les autres ceux-là, chacun à sa manière ; les meilleurs ont pris les meilleurs[2] ; Gorgias est de ce nom-

  1. Polygnote, statuaire, et surtout peintre fameux. Pline, Hist. Natur. XXXV, 35.
  2. Il y a, dans cette tirade de Polus, une symétrie de tours et de désinences qu’il n’a pas toujours été possible de bien rendre. On conjecture, d’après ce passage et un autre du même dialogue, et l’endroit d’Aristote, Métaphysique, l, I, que ce sont les propres termes de Polus, tirés d’un de ses ouvrages.