Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/390

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que tu commences depuis peu à te mêler des affaires publiques, que tu m’engages à t’imiter, et que tu me reproches de n’y prendre aucune part, ne nous examinerons-nous point l’un l’autre ? Voyons un peu : Calliclès a-t-il par le passé rendu quelque citoyen meilleur ? Est-il quelqu’un qui étant auparavant méchant, injuste, libertin, et insensé, soit devenu honnête homme par les soins de Calliclès, étranger ou citoyen, esclave ou libre ? Dis-moi, Calliclès, si on te questionnait là-dessus, que répondrais-tu ? Diras-tu que ton commerce a rendu quelqu’un meilleur ? As-tu honte de me déclarer si, n’étant que simple particulier, et avant de t’immiscer dans le gouvernement de l’état, tu as fait quelque chose de semblable ?

CALLICLÈS.

Tu es bien disputeur, Socrate.

SOCRATE.

Ce n’est point pour disputer que je t’interroge, mais dans le désir sincère d’apprendre comment, selon toi, on doit se conduire chez nous dans l’administration de la chose publique ; et si, en te mêlant des affaires de l’état, tu te proposeras un autre but que de faire de nous des citoyens accomplis. Ne sommes-nous pas convenus plusieurs fois, que tel doit être le but du politique ?