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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/109

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est quelque chose d’indomptable, et qu’elle rend l’âme intrépide et incapable de céder au danger ?

Je l’ai remarqué.

Ainsi tu vois quelles qualités du corps conviennent au gardien de l’État.

Oui.

Et pour l’ame, c’est le penchant à la colère.

Oui.

Mais, mon cher Glaucon, ce naturel irascible ne rendra-t-il pas les guerriers féroces entre eux et à l’égard des autres citoyens ?

Il est difficile qu’il en soit autrement.

[375c] Il faut cependant qu’ils soient doux pour leurs compatriotes et terribles pour leurs ennemis : sans quoi, avant qu’on vienne les attaquer pour les détruire, ils se seront bientôt détruits eux-mêmes.

Il est vrai.

Que faire donc ? où trouverons-nous un naturel à la fois doux et irascible ? La colère et la douceur se repoussent ; et cependant si l’une ou l’autre lui manque, il n’y a pas de bon gardien. Il est comme impossible de sortir de cette difficulté, [375d] d’où on peut conclure qu’un bon gardien ne se trouve nulle part.

J’en ai peur.

J’hésitai quelque temps, et après avoir réfléchi à ce que nous venions de dire : Mon cher