Et n’y en a-t-il pas de deux sortes, les uns vrais, les autres mensongers ?
Oui.
[377a] Les uns et les autres doivent servir à l’éducation, et d’abord ceux qui sont des mensonges.
Je ne comprends pas ta pensée.
Quoi ! tu ne sais pas que les premiers discours qu’on tient aux enfans sont des fables ! Elles ont du vrai, mais en général le mensonge y domine. On amuse les enfans avec ces fables avant de les envoyer au gymnase.
Cela est vrai.
Voilà pourquoi je disais qu’il faut commencer par la musique plutôt que par la gymnastique.
À la bonne heure.
Tu n’ignores pas qu’en toutes choses la grande affaire est le commencement, [377b] surtout à l’égard d’êtres jeunes et tendres ; car c’est alors qu’ils se façonnent et reçoivent l’empreinte qu’on veut leur donner.
Tu as raison.
En ce cas, souffrirons-nous que les enfans écoutent toutes sortes de fables imaginées par le premier venu, et que leur esprit prenne des opinions la plupart du temps contraires à celles dont nous reconnaîtrons qu’ils ont besoin dans l’âge mûr ?
Non, jamais.