Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/119

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[379c] Cela est incontestable.

Ainsi Dieu étant essentiellement bon, n’est pas cause de tout, comme on le dit souvent ; il n’est cause que d’une petite partie des choses qui nous arrivent, et non pas du reste ; car nos biens sont en petit nombre, en comparaison de nos maux ; or il est la seule cause des biens, mais pour les maux, il faut en chercher la cause partout ailleurs qu’en lui.

Rien de plus vrai, à mon avis.

On ne doit donc pas admettre sur l’autorité d’Homère, ou de tout [379d] autre poète, une erreur, au sujet des dieux, aussi absurde que celle-ci :

… Sur le seuil du palais de Jupiter[1]
Sont placés deux tonneaux remplis l’un de biens, l’autre de maux.


Ni que celui pour qui Jupiter puise dans l’un et dans l’autre,

Sont placés deux tonneaux remplis l’un de biens, l’autre de maux.
Éprouve tantôt du mal et tantôt du bien[2] ;


Mais que celui pour lequel il ne puise que du mauvais côté,

Sont placés deux tonneaux remplis l’un de biens, l’autre de maux.
La faim dévorante le poursuit sur la terre féconde[3].


  1. Iliade, XXIV, v. 527, et seq.
  2. Ibid., v. 530.
  3. Ibid., v. 532.