Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/127

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dessein ? Et encore dans les compositions poétiques dont [382d] nous venons de parler, lorsque dans notre ignorance de ce qui s’est réellement passé dans les temps anciens, nous donnons à nos fictions toute la vraisemblance possible, ne rendons-nous pas là le mensonge utile ?

Cela est très vrai.

Mais comment le mensonge deviendrait-il jamais utile à Dieu ? L’ignorance de ce qui s’est passé dans les temps anciens le réduirait-elle à mentir avec vraisemblance ?

Il serait ridicule de le dire.

Par conséquent, on ne peut pas trouver en Dieu un poète menteur.

Non.

Mentirait-il à cause des ennemis qu’il redoute ?

[382e] Il s’en faut bien.

Ou à cause de ses amis furieux ou insensés ?

Mais les furieux et les insensés ne sont pas aimés des dieux.

Aucune raison n’oblige donc Dieu à mentir.

Non.

Tout ce qui est divin est en opposition complète avec le mensonge.

Oui.

Essentiellement simple et vrai en parole ou en action, Dieu ne change pas de forme et ne trompe personne ni par des fantômes ni par des discours,