Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/15

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n’est pas la vieillesse qu’il faut accuser, Socrate, mais seulement le caractère des vieillards : la modération et la douceur rendent la vieillesse supportable ; les défauts contraires font le tourment du vieillard comme ils feraient celui du jeune homme[1].

Charmé de sa réponse et désirant le faire parler davantage : Céphale, lui dis-je, lorsque tu parles de la sorte, la plupart, j’imagine, ne goûtent pas tes raisons, et ils trouvent que tu dois moins à ton caractère qu’à ta grande fortune de porter si légèrement le poids de la vieillesse ; car, disent-ils, la richesse a bien des consolations.

Oui, dit Céphale ; ils ne m’écoutent pas, et s’ils n’ont pas tout-à-fait tort, ils ont beaucoup moins raison qu’ils ne pensent. Thémistocle, insulté par un homme de Sériphe[2], qui lui reprochait de devoir sa réputation à sa patrie et nullement à son mérite, lui répondit : Il est vrai que si j’étais de Sériphe, je ne serais pas connu ; mais toi, tu ne le serais pas davantage si tu étais d’Athènes. On pourrait dire, avec autant de raison, aux vieil-

  1. Cicéron a presque traduit ce discours dans le Cato, 3 ; voyez aussi l’imitation de Juncus, dans Stobée, Sermones, CXII ; et le passage de Musonius sur la vieillesse, Stobée, Serm. CXVI.
  2. Une des Cyclades, si petite qu’elle en était passée en proverbe.